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Apr 07
Tuesday
France, Spain, Opinion Pieces
Vivre à Dechen Choling
The entrance to Dechen Choling's shrine hall

The entrance to Dechen Choling

Dechen Choling, le centre résidentiel européen, est un lieu magique, tantôt rempli de grande félicité, comme l’indique son nom (Dechen = Grande Félicité, Choling = Lieu du Dharma), tantôt plein d’orages créés par les esprits collectifs et individuels qui s’y trouvent. Situé près de Limoges, en France, Dechen Choling abrite un vieux château magnifique, d’anciens bâtiments en pierre et une nouvelle salle de méditation. Tout autour, il y a des champs luxuriants, des vaches, des pistes de randonnées et des arbres centenaires. Et puis, il y a des gens, des centaines de gens, qui vont et qui viennent, de nouveaux visages tout au long de l’année. En 2008, j’en faisais partie.

Venir à Dechen Choling a été une décision à la fois difficile et facile. Facile parce que je désirais ardemment y venir pour travailler, pratiquer et contribuer à ma façon à créer une société éveillée. Mais c’était aussi une décision difficile à cause de raisons d’ordre plus matériel. “Est-ce que je peux me permettre d’avoir une baisse de salaire de 90% sur deux ans ? Ma carrière va-t-elle en souffrir ? Pourrai-je retrouver un emploi en quittant ce lieu ? Comment vais-je me débrouiller financièrement après ?” et ainsi de suite.

The chateau, Dechen Choling

The chateau, Dechen Choling

J’étais venue à Dechen Choling pour participer à la retraite ngöndro en décembre 2007. Je discutais avec l’Acharya Mathias Pongracz qui tentait de me magnétiser pour que je décide d’y vivre. Nous avons tiré le Yi King ensemble. L’image qui en sortit indiquait que je devais rejoindre “la voie” ou continuer à “aller clopin-clopant”. C’est alors que j’ai décidé de me lancer dans ce territoire incertain, en laissant de côté toutes les raisons qui me poussaient à ne pas venir. J’ai donc dit oui et me voilà arrivée en avril 2008, toute contente et désireuse de servir la sangha du mieux que je pouvais. Mais en me lançant ainsi dans le vide, j’ai fait une longue chute douloureuse pendant mon année à Dechen Choling.

Mes premiers mois ici – avril, mai et juin 2008 – ont été un pur bonheur. De nombreuses personnes avaient travaillé dur pendant des mois pour préparer le Festival de Gesar, le plus grand programme jamais organisé à Dechen Choling, avec le Sakyong, Son Éminence Namkha Drimed Rinpoché, Gyetrul Jigme Rinpoché, ainsi que la future Sakyong Wangmo. C’était vraiment une très belle période.

The author's home for a few weeks

The author's home for a few weeks

Malgré mes propres inquiétudes, les gens autour de moi avaient une grande confiance en mes capacités en tant que responsable des ressources humaines. Vu mon manque d’expérience dans le domaine, me voir investir de la responsabilité de gérer presque 80 volontaires à Dechen Choling en pleine effervescence était un sacré défi. Je suis aussi tombée amoureuse à cette époque-là – mais c’est une toute autre histoire. Les premiers mois de mon séjour à Dechen Choling ont été les plus merveilleux de toute ma vie avant que le bombardement du dharma ne commence.

Je me rappelle avoir lu un texte où Chogyam Trungpa Rinpoché parle de confier des postes de responsabilité à des étudiants qui ne seraient pas encore prêts afin que leur esprit soit pétri et façonné par l’expérience. Lors de mon séjour à Dechen Choling l’année dernière, j’ai sauté dans le mixeur alors que je n’étais pas aussi prête qu’on s’était imaginé. Tout s’est effondré, ma névrose a éclaté pour de bon, et le tourbillon de Dechen Choling a lancé le mixeur à toute allure. Et puis, à mi-chemin, le mixeur a été débranché.

Dechen Choling staff meeting

Dechen Choling staff meeting

Je me demande parfois si c’est mon tour d’assumer le titre de la “pire bouddhiste du monde”, parce que je ne me suis jamais vraiment habituée au mixeur. Peut-être me fallait-il plus de temps, plus de soutien et de patience. En quittant Dechen Choling en mars 2009, je me sentais hypersensible et désarçonnée. Et pourtant je sais que j’ai fait du chemin en me remettant en question et en digérant les effets de cette année écoulée.

C’était une expérience intense, une période de bonheur intense suivie d’une période de solitude, de souffrance et de perte de confiance. Quand je réfléchis à ce qui s’est passé, mon esprit est attiré par le mot “blâme”. On cherche toujours quelqu’un à blâmer. Et d’après moi, dans un centre de méditation où on vit les émotions intensément, on cherche quelqu’un à blâmer encore plus que n’importe où ailleurs. On m’a fait beaucoup de reproches et j’ai aussi vu des gens qui étaient blâmés à tort. Comme j’étais trop émue pour savoir comment faire face à tous ces reproches, j’ai fini par me replier sur moi-même.

Pema Chodron dit :

“Ramène à toi tous les blâmes. Il s’agit d’un conseil qui nous apprend comment travailler avec nos congénères. Tout le monde cherche quelqu’un à blâmer. Par conséquent, l’agression et la névrose continuent d’augmenter. Au lieu de cela, arrêtez-vous un instant et observez ce qui se passe en vous. Quand vous tenez coûte que coûte à votre vision de ce que les autres ont fait, vous en devenez accro. Vous croyez avoir toujours raison, vous vous énervez et vous en souffrez. Essayez donc de tempérer cette réactivité plutôt que de la laisser s’intensifier. Cette approche permet de réduire la souffrance – la vôtre et celle des autres.”

Pourquoi ces gens qui habitent dans un centre du dharma ne le savaient-ils pas !? Eh bien, pourquoi je ne le savais pas, moi ?

Pema Chodron dit aussi :

“Sois reconnaissant envers tous. Les autres vous montreront toujours ce qui fait blocage chez vous, votre point faible. Ils disent ou font quelque chose, et vous y réagissez automatiquement – en vous renfermant, en vous précipitant ou en vous mettant dans tous vos états. Quand vous réagissez selon vos habitudes – par la colère, l’avarice etc. – cela vous donne l’occasion d’observer de près vos schémas habituels et de travailler sur eux de façon honnête et avec compassion. Sans les autres qui vous provoquent, vous ne pouvez pas prendre conscience de vos habitudes pénibles et par conséquent vous ne pouvez pas vous entraîner pour les transformer en une voie d’éveil.”

Ben oui!

The Dechen Choling administrative office

The Dechen Choling administrative office

Il y a des jours où je suis beaucoup plus reconnaissante pour mon expérience à Dechen Choling que d’autres. Mais je sais que cette expérience a été pour moi un grand enseignement – il me reste encore à l’appliquer dans la vie. Je pense que tout ce qui arrive dans la vie nous apporte de l’amour ou de la joie, ou un enseignement que nous devons en tirer – bref du karma. Je sais que je n’ai pas encore tiré toutes les leçons de ce que j’ai appris à Dechen Choling. Je suis persuadée que les enseignements me montreront encore et encore mes blocages jusqu’à ce que je finisse par comprendre. Oh là là !

Alors, est-ce je vous recommanderais de vivre dans un centre de méditation ? Oui et non.

Pour moi, vivre dans un centre du dharma signifie perdre notre cocon, notre zone de confort, oublier les attentes et les envies, et travailler sur notre esprit. Ça peut s’avérer intense et pénible mais également merveilleux. Les gens les plus heureux de l’équipe étaient ceux et celles qui étaient là pour de courtes périodes – un à trois mois – leurs besoins étaient minimes Ils étaient contents de dormir sous la tente pendant tout l’été. Partager leur espace avec d’autres personnes, le manque d’intimité, ou être obligé de changer de tente à la dernière minute ne les dérangeaient pas. Ces gens semblaient heureux de s’acquitter de n’importe quelle tâche qui leur était attribuée. Ils pratiquaient la méditation régulièrement et n’avaient pas trop de responsabilité.

Confolens, Limousin - 135 km south-west of Dechen Choling

Confolens, Limousin - 135 km south-west of Dechen Choling

Si c’est une bonne description de ce qui vous attend en tant que bénévole dans un centre de méditation, alors très probablement vous profiterez bien de votre séjour à condition de pratiquer tous les jours. Si vous venez pour plus de six mois, vous verrez que les choses se mettent à changer. Même les meilleurs pratiquants bouddhistes du monde doivent faire face à leurs propres irritations et névroses. Qu’on y vienne pour quelques jours ou quelques mois, on rencontre des difficultés surtout si on ne pratique pas. Pour vivre dans un centre de pratique, le mieux est donc de pratiquer tous les jours. Et si vous souhaitez y passer plus de six mois, je vous recommanderais de prendre un engagement de rester – malgré l’irritation et les moments difficiles, mieux vaut y faire face que fuir. Je vous encourage à vivre dans un centre si vous en avez envie. Mais si vous voulez éviter les difficultés, le manque de confort et l’irritabilité pour vous sentir rassuré, alors il vaut mieux éviter cette expérience. Bonne chance !

L’auteur Ex Responsable des Ressources Humaines à Dechen Choling

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2 responses to “ Vivre à Dechen Choling ”
  1. Kathy Southard
    May 10, 2010
    Reply

    Je ne habite plus a Dechen Choling. Si vous voudriez habiter et travailler là, veuillez être en contact avec le directeur courant de personnel, Sid Liddal. Vous pouvez le contacter à [email protected].

    Bonne chance.

    Kathy

  2. Bonjour,

    Je suis Francaise habitant aux USA, mais souhaitant et considerant vivre et travailler a Dechen Choling.
    Votre article est tres interessant et j’aimerais beaucoup correspondre avec vous pour obtenir de plus amples informations sur votre experience, car je me pose les meme questions, et n’ayant plus vecu en Europe depuis longtemps, il me semble que cela soit encore plus important de reflechir avant d’agir!
    Merci beaucoup pour votre article.
    Si vous voulez bien me contacter, mon adresse est: [email protected]


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